Le Gardien du verger by Cormac McCarthy

Le Gardien du verger by Cormac McCarthy

Auteur:Cormac McCarthy
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions de l'Olivier
Publié: 2023-11-07T07:53:21+00:00


Il ne sentit même pas le contact de l’eau. Il ne pouvait plus les entendre, il ne les avait pas entendus appeler depuis qu’il les avait quittés quelque part un peu plus haut quand il s’était jeté tête baissée à travers les salsepareilles, sans même sentir les ronces, sans se rendre compte de rien sauf qu’elles le tiraient par son manteau et par les jambes comme de petites mains pour le retenir. Ensuite il était arrivé sur le talus de la berge, ses pieds cherchant un appui mais perdant prise sur la boue glissante, le précipitant les jambes raides en bas du talus et dans l’eau, battant l’air de ses bras, mais encore debout, ne tombant qu’après s’être arrêté en titubant avec de l’eau jusqu’aux cuisses, qu’après avoir fait un premier pas dans le courant où il tomba en avant comme un héron touché par un chasseur.

Mais il ne la sentit même pas. Quand il se releva il avait de l’eau jusqu’au-dessus de la taille, le fond mou de la rivière se tortillait sous ses pieds comme s’il avait marché sur les corps d’une colonie de créatures subaquatiques agglutinées là. Il voyait un peu mieux à présent. Il n’y avait pas de lumière sur la berge et il se dit : J’suis trop en aval. Et pas une voix, rien que les bruits de la rivière qui gargouillait et déferlait tout autour. Puis il enfonça de nouveau, avec de l’eau au-dessus de la tête cette fois, et il refit surface en repoussant l’eau et en sentant quelque chose de lourd qui se pressait contre sa poitrine. Il passa les bras dessous et les releva. La tête de Lady apparut et le regarda en roulant des yeux vagues. Il tendit la main devant lui et saisit le collier, le lit de la rivière remontant et se dérobant sous ses pieds et lui tombant en arrière avec la chienne qui avait roulé sur lui et se débattait, jusqu’à ce que sa jambe se cogne contre un rocher et qu’il tende le bras pour s’y retenir et se redresse et commence à regagner la berge en pataugeant avec la chienne en remorque.

Ils arrivèrent avec la lampe électrique et Sylder l’aperçut recroquevillé entre les saules, sa main tenant encore la chienne. Sans rien dire il disparut dans les bois, revint au bout de quelques minutes avec un fagot de broussailles et de branches mortes.

Un des hommes était agenouillé à côté de lui et caressait la chienne tout en l’examinant. Elle a pas l’air d’avoir grand-chose, dit-il. Pas vrai, fiston ?

Il ne pouvait pas ouvrir la bouche et se contenta d’un signe de tête. C’était bien pire que le froid maintenant, il était paralysé.

L’autre homme dit : Fiston, tu vas attraper la crève. On ferait mieux de te ramener chez toi avant que tu gèles ici sur place.

De nouveau il répondit d’un signe de tête. Il voulait se relever mais il ne pouvait pas supporter le contact de ses vêtements quand il bougeait.

Pendant ce temps



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